Je regarde de la fenêtre de mon bureau,
plus haut que les tours de la Défense, encore plus haut, le ciel. Gris, rempli de nuages, menaçant... Je donnerais cher pour être chez moi, la maintenant, de me trouver sur la plage , debout devant la plus belle mer du monde : la mer du Nord. La sentir, la goûter, la regarder. Et puis d'aller à Bruges, me promener dans les petites ruelles, de scruter le petit rayon de soleil qui va peut être venir, comme ça, sans prévenir, colorer les vieilles façades... de sentir les moules frites, les waterzoois, les gaufres. De m'asseoir dans un café, à une petite table qui sent bon la cire, en contemplant la rue avec ses pavés mouillés brillant dans la lumière jaunâtre d'une lanterne de rue ou une femme avance à petits pas, le parapluie cachant son visage. De boire une Hoeigaarden tout en écoutant le maître : ("encore une chanson!!!, mais franchement qui peut le dire mieux que J. Brel????)
Avec la mer du Nord pour dernier terrain vague
Et les vagues de dunes pour arrêter les vagues
Et de vagues rochers que les marées dépassent
Et qui ont à jamais le cœur à marée basse
Avec infiniment de brumes à venir
Avec le vent de l'est écoutez le tenir
Le plat pays qui est le mien
Avec des cathédrales pour uniques montagnes
Et de noirs clochers comme mâts de cocagne
Où des diables en pierre décochent les nuages
Avec le fil des jours pour unique voyage
Et des chemins de pluie pour unique bonsoir
Avec le vent d'ouest écoutez le vouloir
Le plat pays qui est le mien
Avec un ciel si bas qu'un canal s'est pendu
Avec un ciel si gris qu'il faut lui pardonner
Avec le vent du nord qui vient s'écarteler
Avec le vent du nord écoutez le craquer
Le plat pays qui est le mien
Avec de l'Italie qui descendrait l'Escaut
Avec Frida la blonde quand elle devient Margot
Quand les fils de Novembre nous reviennent en Mai
Quand la plaine est fumante et tremble sous Juillet
Quand le vent est au rire, quand le vent est au blé
Quand le vent est au sud, écoutez le chanter
Le plat pays qui est le mien